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POUR SOURIRE

 

 

 

CONTACTS

Le moulin de Bogros

 

            On ignore la date de son installation sur la rive droite de la rivière Dordogne en contrebas du village de La Frousse ou Bogros. Il fait partie de manière immémoriale, du patrimoine des Bogros, bourgeois de la Frousse ou Bogros. Il est intéressant de noter que cette famille a pris soin de s’assurer la maîtrise foncière des espaces concaves des méandres de la Dordogne les plus proches du moulin et les plus accessibles depuis le chemin d’Avèze à Messeix, là où d’autres moulins pouvaient être installés avec des biefs faciles à aménager.

            Cependant un usage de mouture gratuite pour la famille Guibail, famille bourgeoise d’Avèze, le bourg le plus proche de la rive gauche, autorise à penser  qu’il a pu appartenir partiellement ou totalement dans un passé lointain à cette autre famille.

 

 

Voici ce qui ressort des mentions retrouvées :

 

            En 1613, le moulin de Bogros existe déjà car il est cité comme point de localisation dans un acte notarié de partage de terres communes entre les habitants des villages de Chomadoux et Bogros.

 

            Dans la région, l’exercice de la meunerie n’est, sous l’Ancien régime, encadré par aucune jurande. Il n’y a pas de maîtres meuniers. Les moulins sont propriétés bourgeoises ou nobles et sont donnés à bail pour  trois à neuf années à des exploitants qui proviennent la plupart du temps de la catégorie sociale des métayers. L’exercice de ce métier, ne leur procure pas vraiment de promotion sociale, surtout s’ils passent de l’exploitation d’un « grand domaine » à celle d’un « petit moulin ». Cela explique sans doute que les meuniers ne s’éternisent pas au moulin de Bogros.

 

Gorges d'Avèze

 

Les gorges de la Dordogne (le triangle situe le moulin)

 

            En 1726, le meunier Jacques Mazuel, du moulin de Bogros épouse Elisabeth Chassaigne

            En 1733 meurt Jean Rauche, meunier au moulin de Bogros

            De 1741 à 1744, le meunier est Michel Mangot, époux de Marie (alias Françoise) Battut.

            En 1748, le meunier est Michel Breulle (Breuil), époux de Françoise Souchard.

            En 1753, le meunier est Joseph Dubois, époux de Marie Rauche.

            En 1760 le meunier est Antoine Vigier, époux d’Antoinette Chassaigne.

 

            En 1765, le meunier est Guillaume Langlois (alias Anglais ou Langlais). Lors de l’enquête de 1769, il a 32 ans, est époux de  Jacqueline Bogros. Il a 3 enfants en bas âge. Il afferme le moulin pour 20 £ par an, qu’il paie au propriétaire François Bogros.

 

            Par un bail du 25 mars 1772, Michel Gras époux de Catherine Blanchet prend le moulin. Il devra s’acquitter auprès de François Bogros de 85 livres chaque année. A partir de 1786, il est aidé par son gendre Michel Ollier, époux d’Antoinette Gras. Cette situation perdure au-delà de la Révolution.

 

            Pendant les deux premiers tiers du 19e siècle, le moulin est appelé indifféremment « Moulin de Bogros » ou « Moulin de la Dordogne ».

 

            Par un bail du 18 germinal an 3 (7 avril 1795), Jean Ollier prend le moulin. C’est sans doute un parent de Michel Ollier. Annet Bogros, notaire puis juge de paix, en est le propriétaire.

            Annet Bogros afferme le moulin à Antoine Chapon, par bail du 22 mai 1811, puis à Pierre et Louis Ramade, par bail du 16 mars 1815.

 

            Le moulin de Bogros, au cadastre de 1824, est inscrit au nom de Jeanne Bogros.

C’est à nouveau  la famille Gras qui l’exploite en 1826 : Jean Gras, 40 ans, époux de Michelle Mangot.

 

            Le 23 février 1831, le moulin est cédé (acte reçu Fargeix, notaire) par Antoinette et Jeanne Bogros, tante et nièce, à Jean-Baptiste Antoine Sablon, de Clermont-Fd. D’après l’acte de vente, c’est un moulin farinier à deux tournants et un foulon à chanvre. Il a une couverture de chaume. Le meunier est alors François Ribeyre en vertu d’un bail du 20 janvier 1829. A cette époque Sablon fait de nombreux achats fonciers dans la commune de Messeix. Il est un des nombreux investisseurs qui se positionnent pour l’exploitation minière, mais il le fait de manière un peu désordonnée, sans que l’on puisse vraiment comprendre sa stratégie et l’objectif précis de telle ou telle acquisition. Le 23 novembre 1831, Sablon obtient  une concession minière de 1018 hectares sur les communes de Messeix, Singles et Avèze. Le moulin de Bogros est exactement en limite sud-est de concession.

 

 

Le moulin de Bogros au cadastre de 1824

 

            Jean  Gras y est à nouveau meunier lors des recensements de 1836 et 1841.

 

            J.-B. A. Sablon revend le moulin à son nouveau meunier, Antoine Mestas, qui exploite lui-même le moulin de 1846 à 1851. Antoine Mestas est mentionné d’abord veuf de Marguerite Picard, puis époux en 2es noces de Marie Tronche. Le moulin est en si mauvais état qu’Antoine Mestas (qui ne semble pas à même de financer sa rénovation) n’y habite pas. Il habite à Arsac, dans la commune corrézienne de Port-Dieu.

            Antoine Mestas  vend le moulin à Antoine Lacombe, époux de Marie Gravière, le 6 décembre 1852. Antoine Mestas va s’installer au moulin tout neuf situé légèrement en aval : le moulin des Mouillères. Il emporte avec lui une partie de la clientèle  du moulin de Bogros. Dans l’acte de vente du moulin de Bogros, le moulin farinier est dit « en ruine », un « moulin à scie » (une scierie fonctionnant avec l’énergie hydraulique) n’a pas encore eu le temps d’être terminé. Le hangar, la petite maison d’habitation, le potager et les parcelles contiguës sont « dans un état de délabrement presque complet et incultes depuis plusieurs années »

             Antoine Lacombe essaie tout de même, lui-même, de relancer l’exploitation, au moins jusqu’en 1866.

            Le fils d’Antoine Lacombe, Annet, en hérite, mais il est aubergiste au bourg de Messeix et il confie le moulin dès 1872 à Jean Tixier, époux d’Antoinette Authier. Tixier ajoute l’activité de tisserand à celle de meunier qui semble péricliter.

            Annet Lacombe vend le moulin en 1875 à Michel Magnol, qui essaie à son tour de l’exploiter mais renonce vite et l’afferme de 1881 à 1886 à la famille Dallet. Cette famille habite le moulin mais l’activité agricole l’emporte sur la meunerie. La mère veuve d’abord, puis remariée, et les grands enfants Dallet sont recensés cultivateurs, à l’exception de l’aîné, Gilbert,  recensé meunier.

 

Dordogne au moulin

 

Dans une végétation luxuriante : la Dordogne en hautes eaux de printemps, au niveau du déversoir de l’ancien bief du moulin.

 

            Le moulin semble ensuite inoccupé pendant une dizaine d’année.

            Avec la construction du barrage Claret sur la Dordogne, près de la station thermale nouvelle de la Bourboule, à laquelle il procure l’électricité, le débit de la rivière est devenu un problème insurmontable pour les meuniers en aval : dans la journée, le barrage se remplit et le débit aval est ridicule (100 à 150 litres/seconde). Le lit de la Dordogne est presque à sec. Le soir, la turbine étant en fonction maximale, et parfois dans la journée, la retenue étant pleine, mais de façon imprévisible pour les meuniers, le débit monte subitement à 1500 litres, détériorant leurs installations.

 

            Vers 1896, une tentative de remise en fonction du moulin est faite par Louis (alias Pierre) Védrine, 30 ans, célibataire. Il vient de l’acheter. Un abandon définitif se profile. La nouvelle matrice cadastrale établie, en 1911, définit le bâtiment comme une maison et non comme un moulin. La construction continue à être imposée au moins jusqu’en 1943, mais inoccupée, avec une couverture en paille non entretenue, elle tombe rapidement en ruine.

 

 

moulin cadastre actuel

 

Fantomatique : le moulin subsiste au cadastre actuel sous la forme de ce rectangle en pointillés

 

            Vers 1960, il ne reste plus du moulin que des vestiges cachés par la végétation et aujourd’hui toute trace en a disparu. Le bief canalisé est devenu un bras de la Dordogne, que le plan cadastral ne représente pas.

 

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